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Spaghettis et passoire, données et informatique

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Avez-vous déjà cuisiné des spaghettis ? Mon principal problème avec les spaghettis, ce n'est ni le temps de cuisson, ni l'accompagnement, mais la passoire. MedShake, nouveau site de conseil de cuisine ? Pas si sûr ... lisez plutôt jusqu'au bout ...
Quand je fais des spaghettis, et je vous avoue parfois même des coquillettes, mon problème c'est la passoire.
À la fin de la cuisson, je place la passoire de mon choix dans l'évier et je verse la casserole.
Cela se termine trop souvent par une chose qui m'agace un peu : il faut toujours qu'une ou l'autre de ces stupides pâtes, quand elles ne sont pas plusieurs, passe par le trou de la passoire et finisse au fond de l'évier.
Je ne fais pas des pâtes pour qu'elles finissent dans un égout !

Mon problème, c'est que je fais pourtant un choix qui me semble bon. Il doit y avoir 3 passoires dans le tiroir de la cuisine. Je prends toujours celle avec les trous les plus fins. Trous qui me semblent d'ailleurs inférieurs en diamètre à la section des spaghettis.
Et bien pourtant il n'y a rien à faire : il y a toujours des échappées !

À cet instant, si si je vous assure, cela est nécessaire, il faut se pencher sur la problématique "passoire versus spaghettis" et en particulier sur ce qui peut faire défaut :
- D'abord il peut y avoir un problème initial de conception : un designer fait une passoire trop cool, mais néglige totalement la fonction en calibrant mal les trous. Le drame : à la première utilisation on se rend compte qu'il n'y a eu aucun test du produit, qu'il a été lâché dans la nature juste pour son design hype.
- Ensuite il peut y avoir un défaut de fabrication : le design est bon, le prototype est bon, mais l'usine à l'autre bout du monde traite le produit par dessus la jambe : le truc est mis en vente sans être conforme. Cela peut donc aller à une fuite totale des pâtes comme à une fuite partielle, en fonction de l'ampleur du vice de fabrication.
- Mais il est possible aussi que les conditions changent et que la passoire n'y soit pour rien : spaghettis à cuisson rapide, diamètre réduit, patatras là encore ça file dans le siphon.
- Considérons aussi que vous pouvez changer d'évier : votre passoire devient trop large, elle ne repose plus correctement, son action est rendue compliquée par un élément local tiers.
- Enfin, il y a aussi la mauvaise mise en application. À 95 ans et une bonne démence, je mettrais peut-être la passoire à l'envers dans l'évier sans m'en rendre compte ... et je verserais quand même.

Voilà. Tout le monde est bien au point sur la problématique "passoire versus spaghettis" ?

Maintenant que tout ceci est dit, vous considérerez le postulat suivant : l'informatique dans sa globalité, du serveur à votre ordinateur, de votre ordinateur à votre clavier en passant par votre box et votre webcam est un empilement de centaines, de milliers, de passoires.
Les spaghettis sont, vous l'aurez compris, les données que vous allez verser dedans.

Ces passoires n'ont pas toutes le même but, certaines sont plus évoluées que d'autres et appliquent des transformations sur les spaghettis, elles vont par exemple les recouper, les trier, mais toutes vont recevoir, remplir leur office et passer à la suivante.
Une chose est sure : bon nombre de ces passoires peuvent être sujettes à chacune des problématiques "passoire versus spaghettis" que nous avons vues plus haut : la conception initiale peut être défectueuse, la mise en application peut être défectueuse, les conditions d'applications locales peuvent poser problème, l'utilisateur peut ne pas appliquer les consignes et mettre en œuvre n'importe comment l'outil ...

L’empilement de ces milliers de problématiques "passoire versus spaghettis" fait de l'outil informatique un château de cartes. Le jour où quelqu'un trouve une défaillance dans une des passoires, alors il trouve bien souvent le moyen de récupérer un peu, voir la totalité, des spaghettis (ou, à défaut, la possibilité de la envoyer tous à l'égout ce qui peut aussi être un gros problème).
Voilà pourquoi d'ailleurs les mises à jour sur vos ordinateurs sont incessantes : les passoires sont perpétuellement modifiées pour éviter chaque nouvelle fuite de spaghettis possible découverte récemment.
Voilà aussi pourquoi le logiciel libre est une philosophie extrêmement importante : chacun peut avoir une vue sur l'intégralité des passoires et les étudier. Il n'est plus question ici de faire confiance aveuglément à des gens qui vous disent "nos passoires internes dont vous ne pouvez ni voir ni connaître le nombre ou le mode d'action sont fiables et sans problème !".

Voilà enfin pourquoi il est (pour moi en tout cas) difficile de croire en la moindre promesse de sécurité absolue en informatique dans des projets comme le DMP (dossier médical partagé) ou le HDS (hub data santé) qui en demanderaient pourtant. Cependant, c'est bien ce que le marketing de ces projets nous vend quotidiennement.
Cette sécurité n'existe pas, comme la passoire que ne perd jamais le moindre spaghetti au fond de l'évier. Il faut donc dans ce cas privilégier les méthodes qui fragmentent les risques pour ne pas se faire dérober l'intégralité des pâtes. Cela passe par une évidence : on ne doit avoir ni une seule casserole ni une seule passoire unique. Vous l'aurez remarqué : c'est pourtant cela aujourd'hui qu'on nous propose systématiquement.
Ne nous prendrait-on pas pour des nouilles ?
Notre table est toujours ouverte pour en discuter !