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5 conseils pour un exercice informatique médical (libéral) sain

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Pourquoi écrire un billet intitulé "5 conseils pour un exercice informatique médical (libéral) sain" ? À cause d'un contexte, d'une collision cérébrale de tout un tas de choses qu'il serait difficile d'analyser ici, mais qui pourrait tenir en quelques mots : Snowden, DMP, réseaux sociaux, Health Data Hub, brique, folie, espoir, résistance ...
1) Lisez les contrats, les licences des logiciels.
Pendant les 10 ans ou plus de votre formation, on a oublié de vous le dire, mais vous êtes un chef d'entreprise. Une chef d'entreprise, ça lit les papiers avant de les signer : contrat, licence logiciel ou matériel. En conséquence, n'acceptez jamais un devis ou toute autre proposition commerciale en attendant le contrat qu'on vous fera signer par la suite sur un coin de table. Lisez et vous découvrirez que tout est prévu. La plupart du temps, les médecins étant considérés comme des pigeons faciles par tous les commerciaux qui les ont pour cible, tout l'est d'ailleurs à votre désavantage. Lisez, cela vous évitera d'accepter n'importe quoi en ne le sachant même pas.

2) L'ordinateur est le nouveau stéthoscope, maîtrisez-le.
Vous savez comment fonctionne un stéthoscope, vous savez comment fonctionne un électrocardiographe, vous savez comment fonctionne un échographe ... alors si vous ne savez pas comment fonctionne un ordinateur, un réseau, apprenez-en au moins les grandes bases. L'ordinateur est la chose que vous aurez le plus sous les mains tout au long de vos journées, vous n'avez pas le droit d'être incompétent en la matière, comme vous n'avez pas le droit d'être incompétent avec un stéthoscope. Quand vous serez compétent, vous comprendrez alors une chose : la plupart des acteurs informatiques qui gravitent autour de votre activité sont médiocres sous tout rapport. Ils profitent de votre ignorance pour vous faire assimiler l'idée que l’aléa informatique est comparable à un aléa biologique : "ça peut arriver". Non, il n'y a pas d'aléa informatique, il n'y a que des bugs qu'on ne cherche pas toujours à résoudre.

3) En matière d'éthique et de technologie, envisagez toujours le pire.
Chaque jour qui passe montre que l'utilisation massive des réseaux et d'internet se fait à vue. On accumule, on piste, on pirate, on revend : toute donnée lâchée à un tiers numérique a une grande chance de devenir publique un jour. En conséquence, gardez toujours à l'esprit que des données médicales qui sortent de votre cabinet vers un service tiers sont des données médicales sur lesquelles vous n'aurez plus aucun moyen d'assurer / d’empêcher la divulgation, l'utilisation autorisées ou non, à moyen ou long terme. Avant de franchir le pas, raisonnez impérativement en termes de bénéfice risque pour vous-même et vos patients. Envisagez à chaque fois l'alternative technique éthique, car en 2109 elle existe TOUJOURS (bien qu'on cherche par tous les moyens à vous prouver que non).

4) Ne croyez pas aux promesses des réseaux, ne devenez pas captif.
Les principaux acteurs du rendez-vous en ligne, des logiciels en ligne, ou de tout autre service dans le cloud n'ont rien inventé. Rien. La seule raison d'être de leur système est de créer une solution commerciale où le client est captif et où ils pourront accumuler une masse conséquente de data, le nouvel or noir. Le bénéfice de ce système n'est ni en votre faveur ni en celle de vos patients. Dans cet univers-là, vous n'êtes plus ni moins qu'une poule pondeuse bonne à alimenter la chaîne de production (en payant pour ça !). Ce principe s'applique aussi maintenant à l'exercice de la médecine elle-même. La ROSP, le forfait structure, vous rendent captif, ils impactent votre liberté, consciemment ou non. Refusez de cautionner toutes les évolutions technologiques comme réglementaires qui touchent à votre liberté et à votre indépendance.

5) Investissez, soutenez les projets alternatifs.
Comme n'importe quel chef d'entreprise, investissez dans vos outils de production. Étudiez au moins la possibilité de le faire avant d'alimenter un système qui ne vous rendra rien. Le principe est le même que pour le logement : d'un loyer versé à vie il ne reste rien. Du même montant dépensé pour rembourser un crédit, au bout du chemin il reste un bien. Là encore, soyez attentif et informé, car tout est souvent dans la nuance : un logiciel associatif peut être pire qu'un logiciel propriétaire ! Un logiciel open source n'est pas non plus un logiciel libre ! Comme pour le reste, prenez conseil, informez-vous et déléguez (rares sont les médecins qui ont monté eux-mêmes leur cabinet brique à brique. Soyez le chef, sachez ce que vous voulez et faites-le faire.).

Au terme de ce billet, il est utile de réaffirmer que la formation initiale médicale et l'exercice quotidien donnent plus d’armes qu'il ne faut pour analyser le monde actuel de plus en plus numérique et ses enjeux de plus en plus massifs. Tout n'est donc qu'une question de volonté à ne pas se laisser personnellement et collectivement déborder.
La conclusion évidente, le point commun de ces 5 conseils tient donc une phrase simple : reprenez volontairement le contrôle maintenant (il n'est jamais trop tard) !