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Des ECN aux ECNi : un ratage à la française

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Depuis le début, ces épreuves mal nées qui ont remplacées le concours de l'internat n'ont été que ratage. Rapide retour en arrière.
Les ECN ou Épreuves Classantes Nationales ont été créées en 2004.
Elles sont venues remplacer le concours de l'internat qu'on ne passait que pour devenir spécialiste. Les futurs généralistes poursuivaient le cursus sans barrière, dans leur propre fac.
Le but initial était de revaloriser la médecine générale. Entendons-nous tout de suite : il s'agissait de faire plaisir aux médecins généralistes en déclarant que la discipline devenait universitaire. Waouh ! Faire passer un concours à 100% d'étudiants quand 50% des postes étaient pour de la médecine générale, la grande Idée ! On allait voir ce qu'on allait voir : et ça n'a pas loupé. Dès les premières années, les plus extrémistes se sont touchés jusqu'à l'orgasme dès qu'un étudiant moins de 500 faisait le choix de la MG. N’empêche, statistiquement, tous les postes de MG continuaient de partir ultra majoritairement en fin de classement, quand il n'y avait plus rien d'autre à prendre.

Pour les étudiants, cela a eu d'autres conséquences : ce concours a transformé les universités en boite à concours. Car d'autres ont eux aussi très vite voulu jouir : les administrations des facs. On allait enfin pouvoir savoir qui de Paris V ou de Paris V (non non pas de coquille ici) avait vraiment la plus grosse !!!!
Enfin aussi, on allait pouvoir conclure statistiquement qu'Amiens ou Limoges, c'était de la merde.
Et personne ne s'en est privé : doyens, "journalistes", statisticiens des organes publics ...

Pour les étudiants, l'addition a été sévère. Après un concours de P1/PACES dont on sait la dureté (mais aussi la brièveté), ils ont pris cher : à peine entré véritablement en médecine, il fallait déjà cravacher pour un concoure de fin de 6e année où ils joueraient littéralement (et sans exagération stylistique) leur vie. Les conséquences ont été rudes et elles sont bien mesurées aujourd'hui : déprime, anxiété, abandon au second cycle...

Très vite est apparu un premier vrai scandale preuve d'une improvisation assez phénoménale des ECN : impossible de départager autrement les étudiants dans le classement qu'avec leur date de naissance. En effet, la notation prévue à l'examen générait tellement d'ex aequo, qu'il a fallu revenir à la bonne vieille méthode de l'administration : le classement à l'âge.

Bon an mal an, ces ECN ont continué leur chemin. On a changé des choses à la marge, on a introduit la LCA ... et on a enchaîné les scandales aussi rapidement enterrés les uns que les autres : dossiers déjà vus, affectations jamais publiées officiellement (2008), amphi de garnison électronique incapable de fonctionner ...

Et puis un jour, le Dieu du pognon a dû se pencher sur les ECN. Il a dit "LA CORRECTION DES ECN EST UN GOUFFRE FINANCIER, A PLUSIEURS MILLIONS D'EUROS PAR AN. IL FAUT RÉSOUDRE CE PROBLÈME".
Bien sûr, on ne pouvait pas dire ça comme ça aux étudiants. Alors on leur a dit "On va vous pondre une réforme qui va tout péter au niveau pédagogique ! Du jamais vue, des dossiers et des modalités si proches de la vie réelle que le classement sera ultra représentatif". Et en plus, pour faire fun, on a ajouté "Et on va faire ça sur iPad, la classe non ?". Les assos étudiantes ont applaudi, elles ont fait faire des démos à leur congrès ... Tout le monde a négligé le risque technologique ...
Au final, de retards en échecs, ces nouvelles ECN, avec un i pour informatisées et pour être dans l'air du temps, sont devenues de simple QCM sur tablette. Dans ta gueule la révolution pédagogique.
Mais le Dieu du pognon devait être content et sa cadette, Marisol, était même descendue du ciel pour la première édition ...

Alors aujourd'hui quand ces ECN 2017 beurrent plein pot, je me retourne et je constate que rien n'a changé. Les associations étudiantes baissent la culotte et rédigent une nouvelle fois ... houlala ... un communiqué de presse pour dire "on est fâché, c'n’est pas bien de nous faire ça". Une commission d’enquête est promise ... Houlala (bis) ... je connais des fonctionnaires qui ne vont plus dormir à l'idée d'avoir un blâme, qui, au 40e, se transformera peut être en un avertissement ...

Étudiants : on se fout de votre gueule. Vous subissez un système monté par des incapables et alimenté par des tout aussi incapables, et au mieux, si l'on voulait être gentil, négligents. Votre association représentative unique - et c'est peut-être là le problème - n'en est pas une. Elle est un bureau d'enregistrement et de validation des décisions. Pour la forme elle tapote un peu sur la table ... et après ?
Après rien, car tant que l'administration n'est pas frappée au portes-monnaie, elle s'en contre-balance de votre vie, de votre confort, de votre taux de suicide ou de dépression. Elle veut du toubib, elle veut de l'interne au 1er novembre pour faire tourner ses hôpitaux. Point.

Une dernière fois : on se fout de votre gueule et si vous ne l'avez pas compris, on ne peut plus rien pour vous.