S'abonner à un site qui n'affiche ni pub ni articles "sponsorisés", ne vend pas vos emails ou vos profils n’est pas une option, c’est la seule solution pour que demain il existe encore ! Soutenez MedShake, abonnez-vous ou faites un don ! [message masqué aux abonnés]

Humeur : le "Trash" de Créteil et l'article du Monde

Publiée le par

logo billet
logo billet
Je suis extrêmement dérangé par le ton utilisé par l'article paru dans le Monde du 13 octobre, intitulé "Chronique d’un bizutage annulé en fac de médecine" et qui, dans la droite ligne du #medbashing actuel, va cette fois faire tomber l'opprobre général sur le dos des étudiants de la faculté de médecine de Créteil.
Disons-le tout de suite, je ne suis pas un pro bizutage. J'en ai connu un vrai, de la grande époque, qui avait fait aussi parler de lui dans la presse. J'y avais participé et j'avais d'ailleurs pu mesurer la grande différence entre les propos des journalistes et la réalité. Une après-midi de bizutage était devenue en titre "la nuit sanglante des étudiants en médecine". Respect pour l'emphase !

Je ne cherche pas ici à défendre la pratique du bizutage, ou de ce « trash », appelons-le comme on voudra, mais je suis là encore extrêmement gêné par le ton journalistique et les sous-entendus qu'il comporte.

Pour moi la vraie question n'est pas posée et, a fortiori, elle ne trouve pas réponse : la pratique du trash à Créteil relève-t-elle d'un jeu entre adultes majeurs consentants ou est elle une pratique imposée physiquement ou psychologiquement avant et pendant ?

C'est pour moi la seule question qui tienne : car jouer avec des viscères, ramper ou mettre les mains dans des choses vraiment glauques et parfois vivantes, c'est ce que la télévision non impose au moins depuis 25 ans dans le décor d'un fort photogénique. (Et en plus les candidats ne finiront pas toubibs et ne devront pas acquérir une certaine habitude à mettre les mains dans la merde au quotidien). Et là encore la règle du toujours plus trash est le moteur de la chose. D'ailleurs on peut se demander dans quelle mesure l'article de loi cité par le Monde ne pourrait pas s'appliquer à ces jeux TV qui pour certains font passer les candidats pour de vrais crétins :

« Le fait pour une personne d’amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants (…) est puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende. » (art. 225-16-1 - version 2016)

Bref, je suis totalement irrité par l'article qui mise tout sur le sang, le pipi, le caca et le boudin pour exacerber le propos.

Connaissant un peu les pratiques dans d'autres écoles, et en particulier celles qui forment les élites, on est le plus souvent en médecine à 1000 lieux de ce qui se pratique ailleurs sur le plan psychologique. Et ne parlons pas du monde de l'entreprise où les séminaires dans des cadres festifs ne sont rien d'autre qu'une énième mise sous pression du salarié hors de son contexte pro habituel (un manège à sensation, une réunion, un manège à sensation, une réunion ... et de l'alcool en fin de journée pour étudier qui des salariés va décompenser le premier).

Bref, l'acharnement psychologique et le mauvais gout parfois scatologique n'est pas dans le bizutage de nos facultés (de médecine pour ce que j'en connais), mais dans une société entière qui s'en sert autant pour s'en divertir que s'en offusquer à l’extrême quand la bonne occasion se présente.

Tout ceci étant dit, maintenant chers jeunes confrères de Créteil, si vous jouez la carte de la pression psychologique sur vos cadets vous êtes parfaitement indéfendables, mais si vous voulez juste jouer avec des oeufs pourris, des yaourts, des viscères (dans les règles d'abattage et d'hygiène correcte), alors continuer gaiement, car pour le moment ils sont toujours en vente libre en supermarché ...