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Pour une standardisation du contenu numérique pédagogique d'évaluation à usage des étudiants

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L'abandon du papier dans les processus d'évaluation des étudiants soulève quelques problèmes et pose de nombreuses questions. Les risques apparaissant progressivement pourraient bien se révéler très largement - une nouvelle fois - en défaveur des étudiants.
Avec les premières ECNi, on va découvrir progressivement tous les effets secondaires de la numérisation de ce genre de concours.

La première est frappante : un tiers extérieur à tout le processus ne peut, en l'état, s'approprier une épreuve pour en faire l'utilisation qu'il souhaite (jeter un oeil ou carrément faire l'épreuve). Ce qui était si facile avec un sujet papier devient d'une grande difficulté faute de pouvoir accéder aux contenus et reproduire soit même facilement le contexte technique.

Le deuxième est qu'il est probable que ces contenus finissent, tout comme les contenus pédagogiques de type cours, entre les mains de quelques sociétés commerciales. Je ne sais pas vous, mais personnellement, je n'ai jamais été satisfait de voir le contenu des collèges enseignants récupéré par quelques éditeurs (pour ne pas dire un seul ou presque). On me répondra sur ce point que des versions gratuites sont toujours accessibles ... alors, faites donc l'inventaire pour vous rendre compte vous même de l'ampleur des dégâts ! Ce contenu devrait être typiquement sous une licence de type Creative Commons (ou équivalente) : chacun devrait pouvoir l'utiliser pour l'enrichir et le mettre en valeur. Il en résulterait une saine compétition profitable aux étudiants et à leur formation. Malheureusement, pour ça, il faudra surement attendre encore longtemps, alors revenons à nos moutons ...

Troisième effet : la pérennité. Savez-vous qu'il est impossible par exemple de dégoter de façon officielle les annales du concours d'internat en pharmacie antérieur à 2009 ? Les annales 2009, et postérieures, sont en ligne sur le site du CNCI, mais avant, pas moyen. Quand obtenir de simples PDF de documents pas si vieux semble impossible, que penser de l'obtention des annales des premières ECNi dans 10 ans ? Que seront les systèmes informatiques qui ont fait tourner cette première session ? Des pièces de musée ! On le sait, plus la technologie avance, plus il est facile de la perdre. Plus la vie humaine s'allonge, plus l’obsolescence technique semble rapide. Futurs internes de novembre 2016, ne comptez pas vos 80 ans venus replonger par nostalgie dans ces épreuves qui à l'époque auront fait de vous un médecin !

Pour toutes ces raisons et d'autres encore, il me semble raisonnable et surtout utile de plaider ici pour une standardisation du contenu numérique pédagogique d'évaluation à usage des étudiants. Le faire serait libérer le contenu de tous les risques et effets secondaires énoncés. Le faire empêcherait que les étudiants ne soient les premières victimes (financières avant tout), entrainant de nouveau des disparités sociales entre ceux qui peuvent et ce qui ne peuvent pas payer (et doivent se contenter du peu disponible). Le faire favoriserait le développement et l'interopérabilité des productions, cela dissocierait l'outil du contenu ce qui est toujours un bienfait.

Techniquement, tous les outils existent pour réaliser un nouveau format de fichier libre, ouvert, évolutif. Cela n'est donc pas un problème. N'écoutez pas ce qui vous direz que c'est impossible, c'est qu'ils ont surement des intérêts à ce que cela ne se fasse pas !

Au final, la "grande révolution" des ECNi dont on a vanté la réussite économique - pardon technique et pédagogique ! - jusqu'au plus haut de l'État sera-t-elle le début d'une cascade d'effets indésirables ? On peut le craindre fortement, mais il est possible comme j'essaye de le faire ici, de proposer quelques solutions et idées afin que cela n'arrive pas !
J'avoue qu'avant d'écrire ce billet, je ne me suis aucunement renseigné sur l’existence ou non d'un tel projet dans la sphère universitaire française. Si cela existe alors tant mieux ! (Si j'ai fait les choses dans cet ordre, vous vous doutez surement de mon idée de la réponse ... nous sommes assez doués en France pour transformer les bons principes en d'effroyables choses ...)