Nous étions en 2012. À 36 ans, je n'étais plus tout à fait jeune et con (mais un peu des 2 quand même encore !). Marisol Touraine était ministre de la santé (oui oui, je sais ...) et moi généraliste remplaçant, père de 2 très jeunes enfants.
Remede.org avait 15 ans et j'y avais déjà beaucoup usé mon clavier sur les études et la médecine générale. J'exerçais comme remplaçant dans les Côtes-d'Armor dans des conditions parfois extrêmes depuis fin 2004. Je ne le savais pas encore, mais à l'été 2013 je quitterai ce domaine médical avec l'intime conviction (toujours présente) qu'il ne faudrait y revenir qu'avec "un fusil dans le dos" .
En décembre 2012, je ne sais plus pourquoi, j'avais entamé la rédaction de propositions de lutte (réelle) contre la désertification médicale sous forme de billets de blog.
Le billet ci-dessous reprend l'intégralité de ces propositions sans modification. Aujourd'hui, alors que le sujet de la liberté d'installation revient sur la table de façon plus dangereuse que jamais, je pense que certaines, bien qu'ayant parfois fait rire à l'époque, restent toujours d'actualité.
Elles pourraient paraitre même avant-gardistes au regard des rares choses faites ultérieurement ou de ce qui fait l'actualité ces derniers jours ...
Let's go ! Back to the future de la désertification médicale ...
Remede.org avait 15 ans et j'y avais déjà beaucoup usé mon clavier sur les études et la médecine générale. J'exerçais comme remplaçant dans les Côtes-d'Armor dans des conditions parfois extrêmes depuis fin 2004. Je ne le savais pas encore, mais à l'été 2013 je quitterai ce domaine médical avec l'intime conviction (toujours présente) qu'il ne faudrait y revenir qu'avec "un fusil dans le dos" .
En décembre 2012, je ne sais plus pourquoi, j'avais entamé la rédaction de propositions de lutte (réelle) contre la désertification médicale sous forme de billets de blog.
Le billet ci-dessous reprend l'intégralité de ces propositions sans modification. Aujourd'hui, alors que le sujet de la liberté d'installation revient sur la table de façon plus dangereuse que jamais, je pense que certaines, bien qu'ayant parfois fait rire à l'époque, restent toujours d'actualité.
Elles pourraient paraitre même avant-gardistes au regard des rares choses faites ultérieurement ou de ce qui fait l'actualité ces derniers jours ...
Let's go ! Back to the future de la désertification médicale ...
Déserts médicaux : préambule avant propositions
Exaspéré par les pseudo propositions entendues à droite et à gauche je vais tenter sur quelques billets de donner des pistes qui sortent un peu de la démagogie ou de la simple question financière.
Rien de crédible n'a été proposé depuis qu'on parle de cette question ... et voir la Ministre répondre "argent" alors qu'on lui dit "qualité de vie" est véritablement consternant ....
Bref, dans les billets qui viennent, quelques idées simples qui répondront à la réalité de la problématique.
Déserts médicaux - Proposition 1 : les médecins (et les cochons) ne savent pas voler.
Le constat en bref :
Les "jeunes" ne souhaitent pas s'installer dans des "trous perdus" car la vie y manque de fun ou de services indispensables à leurs yeux.
Les solutions proposées actuellement :
- Vendre ses (jeunes) confrères pour les forcer à aller s'installer en désert médical. Le CNOM a fait ça clairement, les #privédedésert aussi mais sous une autre forme (sous couvert de formation, je t'expédie des étudiants au goulag)
- Penser qu'assommer d'argent les médecins (alors qu'en désert on en fera bien plus que ce qui est proposé) va leur faire renoncer à leur qualité de vie (Ministère)
- Faire de la médecin foraine (ANEMF) : c'est comme le marché, ta galette saucisse toute faite, c'est le vendredi et rien d'autre.
L'idée :
Le médecin ne veut pas vivre en désert médical. Ne lui demandez pas d'y vivre, demandez lui simplement déjà d'y travailler et ça ira mieux (on reviendra sur le travail et ses conditions plus tard).
La proposition :
Tout médecin travaillant dans une zone de pénurie médicale et résidant à plus de trente minutes de l'endroit a la possibilité de solliciter les services d'un chauffeur pour ses trajets matin et soir. Tout médecin acceptant de travailler dans sa région à plus d'une heure de son domicile peut solliciter une dépose héliportée matin et soir à partir de l'héliport le plus proche de son domicile.
Voilà, vous allez rire (l'hélico, il est dingue !) ... et puis vous allez réfléchir.
Effet possible à long terme :
Que croyez-vous qu'il arrivera quand le médecin aura pris de l'âge, que le ciné ne sera plus sa priorité, que ses enfants seront à la fac ? Il se rapprochera probablement de son lieu d'exercice.
Déserts médicaux - Proposition 2 : d'abord miser sur le conjoint
Le constat en bref :
Dans tout ce qu'on a pu lire ou entendre sur les déserts médicaux, on n'a vu que des solutions / mesures visant le médecin lui même. C'est négliger les 2/3 du problème. Les autres tiers se nomment conjoint et enfants.
On pense (et il est probable qu'on se moque un peu du monde en sachant très bien que ce n'est pas le problème ...) que le médecin a peur pour ses finances et ses revenus. La belle blague quand on sait que le médecin qui franchira le pas risque plutôt d'être submergé de boulot et d'exploser sans problème les plafonds d'aide ...
Mais allo ?!? Youhou !!!??? Y'a quelqu'un ??? Nous avons changé de siècle ! Le conjoint du toubib, ce n'est plus bobone qui fait le ménage et prend les coups de fil pour les rendez-vous ... Bref, le vrai problème ce n'est pas le boulot du médecin, c'est la famille et le boulot du conjoint.
Les solutions proposées actuellement :
Néant
L'idée :
Faire migrer les médecins en basant tous les efforts sur l'insertion professionnelle locale du conjoint.
La proposition :
Je ne suis pas un expert des allégement de charge et autres règles de mutation administrative.
Il me semble cependant que quelques petites choses doivent pouvoir être faites : mutation prioritaire si le conjoint est fonctionnaire, aide à la transplantation / création de TPE ...
Voilà des arguments qui changeraient vraiment la donne.
En résumé, Il doit être pour le conjoint presque plus facile de réussir son avenir pro dans la nouvelle vie de la famille que dans l'ancienne.
Déserts médicaux - Proposition 3 : les généralistes ne sont pas des urgentistes
Le constat en bref :
Les jeunes médecins n'ont plus la volonté d'être médecin 25h/24. Le temps où le généraliste était médecin capitaine des pompiers, de garde un soir sur deux, et relais local du SAMU est terminé. Même si cela fait encore tripper quelques confrères, les jeunes préfèrent un exercice encadré et mesuré. Les villes sont aussi privilégiées pour ça : on n'y fait plus de garde de nuit depuis (fort) longtemps et l'activité y est moins stressante car moins parasitée.
L'idée :
Un généraliste s'installant en zone de pénurie médicale n'est pas tenu d'assurer la permanence des soins. On le sait bien, la garde se résume la plupart du temps à se tourner les pouces en se demandant ce qui va bien finir par vous tomber sur la tête ... quand il tombe quelque chose. L'utilité de ces permanences est très très relative ... et de toute façon, quand il n'y a pas de généraliste, il n'y a déjà pas de permanence ...
Le généraliste n'est plus non plus le larbin des SAMU qui l'insultent (vécu) car il ne peut/veut se rendre voir la spasmo à 20 bornes (qui n'est pas une urgence) ou l'AVC (en gros pour dire bonjours à la dame et faire un bon de transport, puisque ce genre de pathologie finie toujours hospitalisée).
Le cabinet du généraliste n'est pas non plus un drive in ou stoppent tous les VSAB du secteur pour montrer "comment la dame elle vomit bien" ou mesurer l'angle de la fracture de gégé ... et rassurer le régulateur du SAMU pour pas un rond.
En un mot : le généraliste gère déjà ses propres urgences se présentant spontanément (papy et sa douleur thoracique depuis 12h, le sub oap de mamie ...) et il n'est pas un relais local de la fonction publique (pré) hospitalière.
La proposition :
Le médecin généraliste exerçant en zone de pénurie médicale ne peut être tenu de participer à la permanence des soins de nuit et de weekend. En journée, il ne peut être sollicité par les acteurs de l'urgence que pour des cas strictement vitaux et pour lesquelles ses moyens d'action seront d'une réelle utilité.
Déserts médicaux - Proposition 4 : les secrétaires ne sont pas une option haut de gamme
Le constat en bref :
Un médecin travaille plus de 35h par semaine. Son secrétariat ne nécessite non pas une mais bien deux secrétaires pour couvrir l'ensemble de son planning horaire. Ceci est d'autant plus vrai qu'en zone sous dotée on peut s'attendre à une affluence de demandes téléphoniques comme à une affluence à la porte du cabinet.
Tous ceux qui ont fréquenté des cabinets médicaux comme remplaçant le savent très bien : là où il n'y a pas un secrétariat efficace, vous êtes épuisé à la fin de journée en ayant vu 20 patients. Ailleurs vous aurez l'esprit clair après 40. Le secrétariat médical est gage d'un travail médical au rendement efficace. Il n'y aurait rien de plus stupide que de faire s'installer des médecins en zone sous dotée et de ne pas leur donner le moyen d'être efficace : ce serait sur le coup une insatisfaction de la population locale à moyen terme et un burn out médical pas beaucoup plus tard.
L'idée :
Un secrétariat médical efficace temps plein ne doit et ne peut plus être une option haut de gamme impayable en exerçant seul.
La proposition :
Il y a 36 propositions à faire pour résoudre ce problème. Je ne suis ni un vieux syndicaliste (qui hurlera à la première occasion qu'il faut revaloriser les honoraires), ni économiste (qui raisonnera en allégement de charges et autres subtilités fiscales) et encore moins un élu local (qui proposera peut-être de financer une partie du salaire des secrétaires). La solution équilibrée est à trouver mais, en termes de repopulation médicale par des jeunes médecins, elle ne peut être une option : tout plan qui ne présentera pas de solution à ce problème sera non crédible.
Déserts médicaux - Proposition 5 : ne pas gâcher l'argent à créer des locaux ... vides
Le constat en bref :
L'une des belles idées du moment, c'est de mutualiser les locaux et de faire du tout beau tout neuf en espérant que cela soit attractif. Ce qui est formidable, c'est que ca va donner l'impression à tous d'avoir fait quelque chose. En plus, financièrement, on pourra étaler fièrement l'addition ... en affirmant que "c'est incompréhensible, on a mis 500 000 euros et ces salauds de jeunes toubibs, ils ne sont même pas venus" ...
Fondamentalement on n'aura répondu à aucun besoin primaire du jeune médecin en agissant de la sorte : ce n'est pas pour autant que son conjoint aura du boulot, que la cadre de vie sera attractif (je ne refais pas la liste détaillée) ...
Au mieux on aura l'effet attractif du groupe ... si les cinquantenaires et plus qui ont déjà payé leurs propres locaux sont intéressés pour y participer ... bref, s'il y a vraiment quelqu'un pour créer un groupe.
Quelques mots enfin sur le fantasme de l'exercice de groupe : on entend parfois certains s'imaginer que l'exercice de groupe va permettre une synergie, des réunions de discussion de cas et je ne sais quoi d'autre. Là encore l'idée est belle ... mais qui imagine une seconde que des médecins en zone sous dotée, qui vont être par principe sur le versant "débordé", vont se préparer des petits powerpoints ? La réalité, c'est que quand chacun bosse là où il y a vraiment du boulot, c'est déjà assez complexe de prendre un café synchro ...
L'autre réalité (ici caricaturée), c'est que rejoindre un groupe de cinquantenaires et plus, groupe habitué à faire 12h par jour, à répondre à toutes les sollicitations des patients, est probablement le meilleur moyen de voir flamber sa qualité de vie en 6 mois en se mettant par quasi obligation dans le même mode de fonctionnement. Mieux vaut surement une installation seul que la participation à un groupe qui ne vous correspond pas.
L'idée :
Favoriser les regroupements spontanés, ne pas anticiper un mouvement s'il n'a pas de raison valable ou confirmée de se produire.
La proposition :
Collectivités locales et Etat n'anticipent pas la création de locaux qui ne sont en eux même qu'une condition mineure à l'attractivité du territoire concerné. Ils accompagnent les projets confirmés afin de créer toutes les conditions optimales de pérennisation de l'activité médicale (cf autres propositions).
Déserts médicaux - Proposition 6 : et si tu communiquais au lieu de pleurer ?
Le constat en bref :
Le constat est stupéfiant. Ca fait quelques années maintenant qu'on parle de ce problème de désertification médicale. Je dirige la seule communauté médicale qui regroupe des étudiants de tout âge et des jeunes médecins. Excusez du peu, elle est visitée actuellement par 12 000 visiteurs uniques par jour. Combien de fois pensez-vous que j'ai reçu un petit mail d'un élu local pour savoir s'il y avait moyen de communiquer sur la situation délicate du territoire qu'il a en charge ? Aucune. Je reçois presque toutes les semaines des mails divers et variés de gens qui cherchent à se faire de la pub dans leur domaine respectif (une secrétaire à distance, un responsable de formation, une boite PAES ...) ... et bien personne dans ce domaine là n'a eu le début de l'idée de démarcher sur un moyen moderne de communication. Car je généralise : je n'ai jamais vu la moindre campagne de pub en ligne traitant de cette question.
C'est assez terrifiant quand on sait quels budgets peuvent y passer pour embaucher des agences de recrutement médical qui vont vous chercher un confrère roumain sur mesure (On a vu défiler les chiffres jusqu'à 40 000 euros).
Bref, ce qu'utilisent au mieux les élus, c'est le site du "bon coin" (véridique, je n'ai plus le lien de l'article), quand ils n'en restent pas au mailing papier (avec A4 couleur attention !) ou à l'espoir d'une affichette sur des tableaux de fac que personne ne lit (sauf peut être des PAES entre deux cours). Bon, soyons honnête, on trouve aussi quelques annonces dans les rubriques des sites spécialisés, entre la vente du bouquin d'occasion et la demande de remplacement ... super.
Le pire du pire dans ce domaine c'est que l'incapacité à communiquer est un handicape jusqu'au plus hauts rouages de l'État. On l'a bien vu, les mesures incitatives, personne ne les connait, personne ne sait où les trouver et on n'a rien fait non plus pour les faire connaitre.
Bien sur un jour le scandale éclate : "mais vous voyez bien, tout ces moyens ne fonctionnent pas, on a pourtant tout fait".
Nan, tu n'as rien fait. Tu es pire que le dernier vendeur d'eau parfumée, tu ne sais pas que si tu ne n'exposes pas ton offre de manière alléchante et pertinente, tu n'auras jamais aucune demande.
L'idée :
Il y a probablement plein de jeunes confrères qui sont prêt à traverser la France si on leur donne quelques garanties (voir propositions précédentes) et si on leur montre un peu à quoi la vie ressemble vraiment dans l'endroit en question. Parce que des vrais endroits pourris pourris, il y en plus dans les grandes villes que dans les coins de campagne française. Les élus locaux doivent pouvoir "vendre" leur territoire et surtout, ils doivent pouvoir le faire dans un endroit qui concentrera les offres et qui sera fait uniquement pour ça. Cela attirera d'ailleurs aussi bien le toubib formé en France que le toubib de l'étranger ... et le tout sans que chaque commune ne dépense 40 000 euros ... (ce qui devrait être le coût max de développement de la chose ... à moins qu'un petit malin n'arrive à refiler un devis avec un zéro de plus sur des critères pipeau ...)
La proposition :
Le ministère de la santé met à disposition des collectivités locales une plateforme internet moderne de recrutement des jeunes médecins. Cette plateforme est un dispositif unique qui permet de présenter aux médecins les différents besoins territoriaux. Chaque offre est agrémentée de médias divers décrivant les différentes activités présentes sur le territoire ainsi que ses caractéristiques précises (de l'économique jusqu'au météorologique !). Cette plateforme est promue dans sa globalité auprès des étudiants et internes de façon moderne.
Exaspéré par les pseudo propositions entendues à droite et à gauche je vais tenter sur quelques billets de donner des pistes qui sortent un peu de la démagogie ou de la simple question financière.
Rien de crédible n'a été proposé depuis qu'on parle de cette question ... et voir la Ministre répondre "argent" alors qu'on lui dit "qualité de vie" est véritablement consternant ....
Bref, dans les billets qui viennent, quelques idées simples qui répondront à la réalité de la problématique.
Déserts médicaux - Proposition 1 : les médecins (et les cochons) ne savent pas voler.
Le constat en bref :
Les "jeunes" ne souhaitent pas s'installer dans des "trous perdus" car la vie y manque de fun ou de services indispensables à leurs yeux.
Les solutions proposées actuellement :
- Vendre ses (jeunes) confrères pour les forcer à aller s'installer en désert médical. Le CNOM a fait ça clairement, les #privédedésert aussi mais sous une autre forme (sous couvert de formation, je t'expédie des étudiants au goulag)
- Penser qu'assommer d'argent les médecins (alors qu'en désert on en fera bien plus que ce qui est proposé) va leur faire renoncer à leur qualité de vie (Ministère)
- Faire de la médecin foraine (ANEMF) : c'est comme le marché, ta galette saucisse toute faite, c'est le vendredi et rien d'autre.
L'idée :
Le médecin ne veut pas vivre en désert médical. Ne lui demandez pas d'y vivre, demandez lui simplement déjà d'y travailler et ça ira mieux (on reviendra sur le travail et ses conditions plus tard).
La proposition :
Tout médecin travaillant dans une zone de pénurie médicale et résidant à plus de trente minutes de l'endroit a la possibilité de solliciter les services d'un chauffeur pour ses trajets matin et soir. Tout médecin acceptant de travailler dans sa région à plus d'une heure de son domicile peut solliciter une dépose héliportée matin et soir à partir de l'héliport le plus proche de son domicile.
Voilà, vous allez rire (l'hélico, il est dingue !) ... et puis vous allez réfléchir.
Effet possible à long terme :
Que croyez-vous qu'il arrivera quand le médecin aura pris de l'âge, que le ciné ne sera plus sa priorité, que ses enfants seront à la fac ? Il se rapprochera probablement de son lieu d'exercice.
Déserts médicaux - Proposition 2 : d'abord miser sur le conjoint
Le constat en bref :
Dans tout ce qu'on a pu lire ou entendre sur les déserts médicaux, on n'a vu que des solutions / mesures visant le médecin lui même. C'est négliger les 2/3 du problème. Les autres tiers se nomment conjoint et enfants.
On pense (et il est probable qu'on se moque un peu du monde en sachant très bien que ce n'est pas le problème ...) que le médecin a peur pour ses finances et ses revenus. La belle blague quand on sait que le médecin qui franchira le pas risque plutôt d'être submergé de boulot et d'exploser sans problème les plafonds d'aide ...
Mais allo ?!? Youhou !!!??? Y'a quelqu'un ??? Nous avons changé de siècle ! Le conjoint du toubib, ce n'est plus bobone qui fait le ménage et prend les coups de fil pour les rendez-vous ... Bref, le vrai problème ce n'est pas le boulot du médecin, c'est la famille et le boulot du conjoint.
Les solutions proposées actuellement :
Néant
L'idée :
Faire migrer les médecins en basant tous les efforts sur l'insertion professionnelle locale du conjoint.
La proposition :
Je ne suis pas un expert des allégement de charge et autres règles de mutation administrative.
Il me semble cependant que quelques petites choses doivent pouvoir être faites : mutation prioritaire si le conjoint est fonctionnaire, aide à la transplantation / création de TPE ...
Voilà des arguments qui changeraient vraiment la donne.
En résumé, Il doit être pour le conjoint presque plus facile de réussir son avenir pro dans la nouvelle vie de la famille que dans l'ancienne.
Déserts médicaux - Proposition 3 : les généralistes ne sont pas des urgentistes
Le constat en bref :
Les jeunes médecins n'ont plus la volonté d'être médecin 25h/24. Le temps où le généraliste était médecin capitaine des pompiers, de garde un soir sur deux, et relais local du SAMU est terminé. Même si cela fait encore tripper quelques confrères, les jeunes préfèrent un exercice encadré et mesuré. Les villes sont aussi privilégiées pour ça : on n'y fait plus de garde de nuit depuis (fort) longtemps et l'activité y est moins stressante car moins parasitée.
L'idée :
Un généraliste s'installant en zone de pénurie médicale n'est pas tenu d'assurer la permanence des soins. On le sait bien, la garde se résume la plupart du temps à se tourner les pouces en se demandant ce qui va bien finir par vous tomber sur la tête ... quand il tombe quelque chose. L'utilité de ces permanences est très très relative ... et de toute façon, quand il n'y a pas de généraliste, il n'y a déjà pas de permanence ...
Le généraliste n'est plus non plus le larbin des SAMU qui l'insultent (vécu) car il ne peut/veut se rendre voir la spasmo à 20 bornes (qui n'est pas une urgence) ou l'AVC (en gros pour dire bonjours à la dame et faire un bon de transport, puisque ce genre de pathologie finie toujours hospitalisée).
Le cabinet du généraliste n'est pas non plus un drive in ou stoppent tous les VSAB du secteur pour montrer "comment la dame elle vomit bien" ou mesurer l'angle de la fracture de gégé ... et rassurer le régulateur du SAMU pour pas un rond.
En un mot : le généraliste gère déjà ses propres urgences se présentant spontanément (papy et sa douleur thoracique depuis 12h, le sub oap de mamie ...) et il n'est pas un relais local de la fonction publique (pré) hospitalière.
La proposition :
Le médecin généraliste exerçant en zone de pénurie médicale ne peut être tenu de participer à la permanence des soins de nuit et de weekend. En journée, il ne peut être sollicité par les acteurs de l'urgence que pour des cas strictement vitaux et pour lesquelles ses moyens d'action seront d'une réelle utilité.
Déserts médicaux - Proposition 4 : les secrétaires ne sont pas une option haut de gamme
Le constat en bref :
Un médecin travaille plus de 35h par semaine. Son secrétariat ne nécessite non pas une mais bien deux secrétaires pour couvrir l'ensemble de son planning horaire. Ceci est d'autant plus vrai qu'en zone sous dotée on peut s'attendre à une affluence de demandes téléphoniques comme à une affluence à la porte du cabinet.
Tous ceux qui ont fréquenté des cabinets médicaux comme remplaçant le savent très bien : là où il n'y a pas un secrétariat efficace, vous êtes épuisé à la fin de journée en ayant vu 20 patients. Ailleurs vous aurez l'esprit clair après 40. Le secrétariat médical est gage d'un travail médical au rendement efficace. Il n'y aurait rien de plus stupide que de faire s'installer des médecins en zone sous dotée et de ne pas leur donner le moyen d'être efficace : ce serait sur le coup une insatisfaction de la population locale à moyen terme et un burn out médical pas beaucoup plus tard.
L'idée :
Un secrétariat médical efficace temps plein ne doit et ne peut plus être une option haut de gamme impayable en exerçant seul.
La proposition :
Il y a 36 propositions à faire pour résoudre ce problème. Je ne suis ni un vieux syndicaliste (qui hurlera à la première occasion qu'il faut revaloriser les honoraires), ni économiste (qui raisonnera en allégement de charges et autres subtilités fiscales) et encore moins un élu local (qui proposera peut-être de financer une partie du salaire des secrétaires). La solution équilibrée est à trouver mais, en termes de repopulation médicale par des jeunes médecins, elle ne peut être une option : tout plan qui ne présentera pas de solution à ce problème sera non crédible.
Déserts médicaux - Proposition 5 : ne pas gâcher l'argent à créer des locaux ... vides
Le constat en bref :
L'une des belles idées du moment, c'est de mutualiser les locaux et de faire du tout beau tout neuf en espérant que cela soit attractif. Ce qui est formidable, c'est que ca va donner l'impression à tous d'avoir fait quelque chose. En plus, financièrement, on pourra étaler fièrement l'addition ... en affirmant que "c'est incompréhensible, on a mis 500 000 euros et ces salauds de jeunes toubibs, ils ne sont même pas venus" ...
Fondamentalement on n'aura répondu à aucun besoin primaire du jeune médecin en agissant de la sorte : ce n'est pas pour autant que son conjoint aura du boulot, que la cadre de vie sera attractif (je ne refais pas la liste détaillée) ...
Au mieux on aura l'effet attractif du groupe ... si les cinquantenaires et plus qui ont déjà payé leurs propres locaux sont intéressés pour y participer ... bref, s'il y a vraiment quelqu'un pour créer un groupe.
Quelques mots enfin sur le fantasme de l'exercice de groupe : on entend parfois certains s'imaginer que l'exercice de groupe va permettre une synergie, des réunions de discussion de cas et je ne sais quoi d'autre. Là encore l'idée est belle ... mais qui imagine une seconde que des médecins en zone sous dotée, qui vont être par principe sur le versant "débordé", vont se préparer des petits powerpoints ? La réalité, c'est que quand chacun bosse là où il y a vraiment du boulot, c'est déjà assez complexe de prendre un café synchro ...
L'autre réalité (ici caricaturée), c'est que rejoindre un groupe de cinquantenaires et plus, groupe habitué à faire 12h par jour, à répondre à toutes les sollicitations des patients, est probablement le meilleur moyen de voir flamber sa qualité de vie en 6 mois en se mettant par quasi obligation dans le même mode de fonctionnement. Mieux vaut surement une installation seul que la participation à un groupe qui ne vous correspond pas.
L'idée :
Favoriser les regroupements spontanés, ne pas anticiper un mouvement s'il n'a pas de raison valable ou confirmée de se produire.
La proposition :
Collectivités locales et Etat n'anticipent pas la création de locaux qui ne sont en eux même qu'une condition mineure à l'attractivité du territoire concerné. Ils accompagnent les projets confirmés afin de créer toutes les conditions optimales de pérennisation de l'activité médicale (cf autres propositions).
Déserts médicaux - Proposition 6 : et si tu communiquais au lieu de pleurer ?
Le constat en bref :
Le constat est stupéfiant. Ca fait quelques années maintenant qu'on parle de ce problème de désertification médicale. Je dirige la seule communauté médicale qui regroupe des étudiants de tout âge et des jeunes médecins. Excusez du peu, elle est visitée actuellement par 12 000 visiteurs uniques par jour. Combien de fois pensez-vous que j'ai reçu un petit mail d'un élu local pour savoir s'il y avait moyen de communiquer sur la situation délicate du territoire qu'il a en charge ? Aucune. Je reçois presque toutes les semaines des mails divers et variés de gens qui cherchent à se faire de la pub dans leur domaine respectif (une secrétaire à distance, un responsable de formation, une boite PAES ...) ... et bien personne dans ce domaine là n'a eu le début de l'idée de démarcher sur un moyen moderne de communication. Car je généralise : je n'ai jamais vu la moindre campagne de pub en ligne traitant de cette question.
C'est assez terrifiant quand on sait quels budgets peuvent y passer pour embaucher des agences de recrutement médical qui vont vous chercher un confrère roumain sur mesure (On a vu défiler les chiffres jusqu'à 40 000 euros).
Bref, ce qu'utilisent au mieux les élus, c'est le site du "bon coin" (véridique, je n'ai plus le lien de l'article), quand ils n'en restent pas au mailing papier (avec A4 couleur attention !) ou à l'espoir d'une affichette sur des tableaux de fac que personne ne lit (sauf peut être des PAES entre deux cours). Bon, soyons honnête, on trouve aussi quelques annonces dans les rubriques des sites spécialisés, entre la vente du bouquin d'occasion et la demande de remplacement ... super.
Le pire du pire dans ce domaine c'est que l'incapacité à communiquer est un handicape jusqu'au plus hauts rouages de l'État. On l'a bien vu, les mesures incitatives, personne ne les connait, personne ne sait où les trouver et on n'a rien fait non plus pour les faire connaitre.
Bien sur un jour le scandale éclate : "mais vous voyez bien, tout ces moyens ne fonctionnent pas, on a pourtant tout fait".
Nan, tu n'as rien fait. Tu es pire que le dernier vendeur d'eau parfumée, tu ne sais pas que si tu ne n'exposes pas ton offre de manière alléchante et pertinente, tu n'auras jamais aucune demande.
L'idée :
Il y a probablement plein de jeunes confrères qui sont prêt à traverser la France si on leur donne quelques garanties (voir propositions précédentes) et si on leur montre un peu à quoi la vie ressemble vraiment dans l'endroit en question. Parce que des vrais endroits pourris pourris, il y en plus dans les grandes villes que dans les coins de campagne française. Les élus locaux doivent pouvoir "vendre" leur territoire et surtout, ils doivent pouvoir le faire dans un endroit qui concentrera les offres et qui sera fait uniquement pour ça. Cela attirera d'ailleurs aussi bien le toubib formé en France que le toubib de l'étranger ... et le tout sans que chaque commune ne dépense 40 000 euros ... (ce qui devrait être le coût max de développement de la chose ... à moins qu'un petit malin n'arrive à refiler un devis avec un zéro de plus sur des critères pipeau ...)
La proposition :
Le ministère de la santé met à disposition des collectivités locales une plateforme internet moderne de recrutement des jeunes médecins. Cette plateforme est un dispositif unique qui permet de présenter aux médecins les différents besoins territoriaux. Chaque offre est agrémentée de médias divers décrivant les différentes activités présentes sur le territoire ainsi que ses caractéristiques précises (de l'économique jusqu'au météorologique !). Cette plateforme est promue dans sa globalité auprès des étudiants et internes de façon moderne.
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Vous pouvez retrouver les publications originales via la WayBackMachine
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